De Boisseron à Manilles à bicyclette
Garanti sans coronavirus,
enfin ça.... c'était avant!
Grece : de Kulata à Alexandroupoli
Du 27/08/2020 au 08/10/2020
" Greece is magic!! "
On quitte notre train bulgare pour nous rendre au poste de frontière situé à quelques petits kilomètres. On double sur plusieurs kilomètres des voitures. Une petite victoire pour nous ! Le douanier nous demande nos passeports et puis c'est tout. Il ne demande pas les résultats de notre test covid, normalement obligatoire. Encore une fois on a bien stressé pour rien.
Nous attaquons nos premiers kilomètres sous un soleil de plomb. Nous avions oublié ce que c'était car nous sommes plutôt au frais dans les montagnes depuis presque deux mois .
Nous avons repéré une petite route mais on ne connaît pas encore l'état des routes grecques. On ne sera pas déçu... 6 km de montées pentues sur de la piste. Impossible de rouler. On poussera les vélos quasiment tout le temps et on devra même les pousser à deux parfois! On mettra 3 heures pour 6km, bonne moyenne.
A la fin de cette journée usante on se rend à une piscine privée payante pour demander de l'eau. On montre nos gourdes vides en disant '' water''. Même si on ne parle pas grec on pense que notre demande est claire. Le patron du lieu aidé d'un jeune ne comprennent pas notre demande. Ils veulent juste nous faire payer l'entrée dans la piscine. Tant bien que mal nous arrivons à remplir nos gourdes et notre poche à eau. C'est la première fois que l'on galère autant pour avoir de l'eau. A la fin de cette première journée nous avons un peu peur de la suite alors que tout le monde nous disait le plus grand bien de la Grèce. On met ça sur le compte de la malchance.
Nous roulons jusqu'à rejoindre la péninsule de Sithonia pour longer la côte et profiter de la mer.
Entre temps nous faisons des rencontres très sympa notamment George qui nous apprendra quelques mots grecs. Nous voilà rassuré pour la suite.
On est ravi de retrouver la mer, c'est toujours très agréable et impressionnant de rouler avec vue sur mer. Par contre, en Grèce, cela a un coût : des montées raides suivies de descentes. Pas de plat. La classique: on descend au niveau de mer pour remonter aussitôt 200 m plus haut pour redescendre au niveau de la mer, etc...
Les premiers jours nous nous faisons avoir par la chaleur, et nous roulons sur des pentes à 8/10% sous 40 degrés. Une fois mais pas deux.
Nous changeons donc de stratégie et roulons de 7h à 12h et l'aprem est consacrée à la sieste et à la plage. Et on kiffe grave ce rythme. D'autant plus que les plages sont sublimes et peu fréquentées. Nous récupérons un beau masque rose à un club de surf. A nous le snorkeling ! A Sithonia, Lucile prendra son courage à deux mains et verra pour la première fois des poulpes.
Toute proche de la péninsule de Sithonia se trouve celle d'Athos qui est fermée au public. Elle est occupée par des moines, aucune présence féminine n'est tolérée. Seuls les hommes peuvent s'y rendre avec un permis à demander longtemps à l'avance. Sur ce petit bout de terre culmine le mont Athos à 2400m. C'est très impressionnant car la montagne part du niveau de la mer.
Après cette parenthèse maritime nous repartons direction l'ouest pour voir les Météores.
Sur la route nous faisons escale chez Vasilios et Ariane (de Warmshowers). Vasilios est grand cyclovoyageur. Il a fait le tour du monde en solitaire à vélo. Il est le premier grec a avoir réalisé ce type de voyage. Et avec sa compagne ils ont fait la Chine et le Japon en tandem. Maintenant avec 3 enfants ils ont changé le vélo pour le camping car ! Encore une fois nous passons une excellente soirée avec nos hôtes.
Nous nous éloignons des plages pour rejoindre la montagne. Après Thessalonique, nous constatons un changement radical au niveau de l'acceuil que nous recevons.
On vient à notre rencontre pour nous proposer de boire un verre au bar. Plutôt un café frappé d'ailleurs car les grecs en sont fous ! Dans les épiceries ou les boulangeries, il n'est pas rare qu'on nous offre un petit quelque chose. Un soir on sera même pris complètement en charge par Billy qui nous invitera à l'apero, au restau et au digeo ! Tout ça après une journée de velo avec plus de 1000 m de dénivellé positif.
Il faut avouer qu'il est facile de rencontrer du monde car, même dans un micro village, il y a toujours au minimum un bar ou une taverna (=restau). Par contre il faut attendre 19h pour que le village s'anime et que les bars se remplissent.
Pour les bivouacs, on va au bar et on demande si l'on peut dormir sur le parvis de l'église. C'est plat et on a de l'eau à proximité. Par contre il y a toujours un lampadaire qui traîne et on voit comme en plein jour dans la tente. Cela nous amènera une fois à dormir entre l'église et la caserne des pompiers. On prendra le petit dej avec les pompiers, on rigolera bien grâce au talent de mime de l'un d'entre eux.
On adore ces moments improvisés et nous nous posons beaucoup de question sur notre sens de l'hospitalité et notre curiosité envers les autres. Pour les grecs c'est naturel et culturel.
Tout cela se cumule à des journées de vélos intenses car les montées et les descentes se suivent. Et les montées ne sont pas du tout progressives.
Les montagnes grecques sont peuplées de troupeaux de brebis et de chèvres. On comprend d'où viennent les tonnes de feta que mangent les grecs ! Des chiens pas très accueillants gardent les troupeaux. Malgré quelques frayeurs nous garderons nos 4 mollets complets !
Après 3 jours intenses de vélos et de rencontres nous arrivons aux Météores et nous sommes impressionnés par ces tours de roche. Au sommet de certaines se trouvent des monastères accueillants des moines orthodoxes depuis genre très longtemps (on galère avec les dates et les périodes historiques). On en profite pour faire une journée off pour visiter des monastères qui sont excellent état. On aura la chance de croiser une tortue de belle taille. Lucile a les doigts qui la démangent car les Météores est un site réputé pour l'escalade.
Nous nous dirigeons ensuite vers Peloponnèse. Pour cela, nous traversons un massif très sauvage et pentu. On roulera régulièrement sur des pistes alors que l'on pensait rouler sur des départementales.
On rencontrera Ilias dans un petit village où nous bivouaquons. Très chaleureux, il nous offre un repas et une douche ! Lucile fera même un tour sur son cheval !
Après 3 nuits bien reposantes à Patras, nous attaquons la visite d'une partie de la Grèce nommée Péloponèse. Mauvaise gestion de la météo de notre part, nous roulons tout l'après midi sous la pluie. Nous sommes en vigilance rouge: un cyclone s'est formé en Méditerranée près des côtes grecques. Ce n'est pas une petite pluie mais des seaux d'eau qui nous arrivent sur la tête! Heureusement nous pouvons passer la nuit dans une maison en construction au centre d'un village. Le confort est très rudimentaire et il ne faut pas être allergique à la poussière mais, au moins, on a un toit qui nous protège de cette pluie diluvienne. Nous dormirons deux nuits dans ce refuge improvisé, le temps que la tempête passe. Cet arrêt imposé nous permettra de trouver la fuite du matelas gonflable (à la base de la valve) de Lucile et de faire une réparation ''home made''. Espérons que ça tienne!
Avec le retour du beau temps, nous visitons le site d'Olympie, célèbre pour ces jeux organisés tous les 4 ans. Les jeux étaient synonymes de trêve pacifique et dédiés au dieu Zeus. Il y a pas mal de vestiges et notamment celui du stade ce qui permet de se faire une bonne idée du site antique.
Deux jours plus tard, nous visitons la cité byzantine de Mystras, proche de Sparte (plus connue grâce au film ''300'' retraçant l'histoire de ces valeureux guerriers spartiates). La cité, située sur une colline, est très grande et les bâtiments sont bien conservés. Ces visites nous fatiguent presque plus que de pédaler. En plus les nuits ne sont pas totalement reposantes car le matelas de Lucile fuit toujours malgré la rustine. On est obligé de le regonfler pendant la nuit..
Quelques jours plus tard, nous traversons le célèbre canal de Corinthe. Long de 6 km, il relie la mer Ionienne à la mer Egée. C'est très impressionnant à voir! Péloponèse est ainsi devenu artificiellement une île !
Le soir nous bivouaquons à côté d'une taverne. Celle-ci est fermée mais nous croisons le tavernier qui nous laisse ces frigos remplis de bières et de gâteaux en open bar ainsi qu'un accès aux toilettes! Au top! Ces accueils nous font toujours très plaisir. D'autant plus que depuis que nous sommes en Péloponèse nous rencontrons peu de locaux. Peut être parce que c'est une partie plus touristique?
25 septembre, nous arrivons à Athènes où nous passons 2 nuits en auberge de jeunesse, faute de trouver un warmshower. On passera deux superbes soirées dans cette ville très animée. On se retrouve notamment, par hasard, dans un petit restau/bar au premier étage d'un immeuble (qui ressemble à un appartement aménagé pour l'occasion en restau) où une chanteuse et un guitariste jouent des chants typiques grecques. Les chants sont très beaux et puissants. A minuit, heure du couvre feu lié au covid, la musique s'arrête, le gérant éteint toutes les lumières et ferme les volets. Les gens continuent à boire et manger à la lumière du boîtier ''issue de secours''. A 1h on quitte le lieu comme des voleurs après que le gérant ait contrôlé qu'il n'y ait pas de policiers dans la rue! Improbable!
On profite d'être dans une capitale pour se joindre à l'entraînement d'ultimate frisbee. Nous sommes super bien accueilli par l'UFCA et nous nous régalons à jouer avec eux! Il y a seulement deux clubs d'ultimate frisbee en Grèce, un à Athènes et un en Crète.
On se lève de bonne heure le lendemain pour suivre un free walking tour. Notre anglais étant très mauvais et le guide ayant un fort accent, on ne comprend rien à ce qu'il explique..dommage! On aurait pu dormir plus longtemps pour une fois! 2h30 de visite sans rien comprendre c'est un peu long mais grâce au guide on fait tout de même le tour de tous les chouettes coins d'Athènes. Après cela, on visite l'acropolis qui domine la ville.
Le soir on prend un bateau pour la Crète.
Nous arrivons le lendemain matin au port de Chania. L'objectif est de profiter des plages, Victor est en manque de baignade! On a l'embarras du choix en Crète, il y en a mille. On fait une sélection des plus belles et plus accessibles à vélo sur la partie ouest de l'île.
On n'est pas déçu, les plages sont magnifiques, le sable est fin et blanc, l'eau est cristalline et turquoise, la température est idéale, bref ce sont les conditions parfaites!
C'est pourtant en Crète que l'on passera notre pire nuit.. un soir on s'arrête au bord d'une piste à côté d'une chapelle. Il y a une source et la vue est superbe. Jusque là tout va bien. Après un bon repas (des pâtes pour changer), on installe nos matelas dans la chapelle. 10h on se couche. Minuit, les volets claquent avec le vent, on se lève pour les caler. 1h30, on se fait dévorer par les moustiques. On décide de monter la tente à l'extérieur. 4h, le vent souffle de plus en plus fort, on a l'impression que la tente va s'arracher et ça fait un bruit de dingue. On rentre la tente dans la chapelle. 7h, on est réveillé en sursaut par des coups de klaxon appuyés et successifs. Lucile sort en catastrophe de la tente et de la chapelle : le berger du coin n'est vraiment pas content.. Victor arrive et tente une explication mais il abandonne vite car le berger est trop énervé. Il veut qu'on parte de sa chapelle et vite! On plie donc toutes nos affaires en catastrophe. 7h30 on est sur la selle avec peu de sommeil au compteur. On aurait bien aimé pouvoir s'expliquer avec le berger mais c'était vraiment impossible. On va éviter les chapelles à l'avenir!
Les nuits suivantes ne sont pas beaucoup plus reposantes car le matelas se dégonfle de plus en plus vite, nous sommes obligés de le regonfler toutes les 3h pendant la nuit.. on tente une nouvelle rustine mais c'est pas mieux..
Malgré ce petit souci technique, on profite à fond des belles plages crétoises. On décide de faire une pause (3 nuits d'hôtel) sur la côte sud à Matala. La falaise bordant la plage est pleine de cavités. Ce sont d'anciens tombeaux romains, squattés dans les années 70 par des hippies. Les Beatles y auraient séjournés aussi. Lucile passera le cap de la trentaine et Victor verra ses premiers rascasses.
Nous quittons à regret ce coin charmant et rejoignons le port d'Heraklion pour prendre un ferry le soir même. Nous espérions aller en Turquie en bateau mais toutes les liaisons maritimes sont annulées à cause du covid..Nous sommes donc obligés de revenir sur Athènes. A 7h du matin nous débarquons au port d'Athènes où nous prenons un premier train jusqu'à Athènes centre, puis un second pour Thessalonique. Ensuite c'est l'inconnu. Nous avons eû beau chercher les infos, impossible de savoir comment aller à Alexandroupoli. Finalement ça se goupille bien, on va à la gare routière, un bus part dans 2 minutes. On charge nos vélos et achetons nos billets en un temps record. 4 h plus tard on arrive à Alexandroupoli! En 48h on aura fait Matala-Alexandroupoli en vélo, bateau, trains et bus!
On mange nos dernières pitas grecques (genre de kebab grecque à 2 euros) au bord de la plage puis on installe le bivouac. Encore une fois on se fait avoir comme des débutants! Un orage éclate à minuit, on sort de la tente pour mettre le toit. On ne dormira encore pas beaucoup cette nuit avec le bruit de la pluie, du vent et des éclairs (+ le regonflage du matelas bien sûr!)..
Après avoir plié la tente trempée et pleine de sable, nous roulons 40 km jusqu'à la frontière turque. On double une file de camion impressionnante et nous y voilà ! A nous la Turquie !
Km parcourus en Grece : 2033 km
Denivele positif en Grece : 26 870 m
Total km: 8069 km
Total denivele positif: 80 215 m