Serbie : de Sombor a Moravita

Du 11/07/2020 au 25/07/2020

   "Un ragoût nommé désir..."
 

 

 

 

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Le 11 juillet nous entrons en Serbie.

Un beau tampon sur le passeport et c'est parti pour

90 jours maximum.

 

 

 

 

 

 

 

A peine la frontière passée, nous découvrons un coin baignade où l'ambiance est au rendez vous: beach volley, musique, bbq... Ça fait plaisir à voir! On apprécie grandement le rafraîchissement par cette forte chaleur (dans les 40 degrés).

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Nous dormons le soir en camping à Sombor. Les gérants sont surpris mais contents de nous voir car nous sommes les premiers étrangers qu'ils accueillent depuis 6 mois! Merci le corona..

 

Le lendemain nous faisons une pause dans un marché aux puces. Si vous voulez acheter des clous rouillés, des pneus ou des visseuses cassées, c'est ''the place to be''!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après notre pique nique, nous nous arrêtons dans un bar où la musique,de style orientale, est à fond alors qu'il n'y a aucun client. Lucile boit son premier café turc avec beaucoup de mare. Le barman, curieux, nous pose quelques questions puis nous offre une bière. Il finira par prend quelques photos avec nous et finalement il monte sur le vélo pour prendre la pause!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après cela, nous continuons notre traversée du grenier de l'Europe : encore et toujours, des champs de maïs et tournesol...!

Nous atteignons Novi Sad, ville qui clôture cette région plate et agricole appelée la vojvodina (nord ouest de la Serbie). Fatigués de rouler (100 km au compteur avec une chaleur importante) et faute de trouver un camping, nous dormons à la belle étoile sur une presqu'île de la ville. De nombreuses habitations sont installées sur l'eau et flottent grâce à des bidons. Du petit chalet suisse à la vieille caravane rouillée, il y en a pour tous les goûts ! Il y a également beaucoup de boîtes de nuit, bars et restaurants. Heureusement pour nous, avec le covid, tout ferme de bonne heure. A part un hérisson qui fait peur à Lucile, nous passons une nuit sans être dérangé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On traverse une dernière fois le Danube et on attaque la traversée d'un petit massif montagneux, le Gora national parc. Petit mais bien pentu: il nous réserve de belles montées à plus de 10%!

A 10h, nous goûteront notre premier chupito de rakia (alcool fort serbe) offert par une dame à qui nous demandons de l'eau. Dommage, elle parle uniquement serbe. A part bonjour et merci (que les gens ne comprennent jamais car on le prononce mal), nous ne connaissons aucun mot serbe.. cela n'empêche pas Lucile de discuter avec la dame. Chacune parle dans sa langue et fait comme si elle comprenait l'autre. L'échange serbe/anglais se poursuit plusieurs minutes. Victor est spectateur de cette discussion improbable!

 

A Sabac nous sommes accueillis par Alexander (warmshower). Celui ci tient un magasin de vélo qui a l'air de bien marcher. C'est un sacré personnage, toute la ville le connaît ! Nous passons une belle soirée avec lui. Il nous invite au restaurant: viande au menu! L'alimentation principale des serbes est la viande de poulet ou de porc. Elle est d'ailleurs très bon marché.

De manière générale, la vie n'est pas chère en Serbie. Pour vous donner un ordre d'idée, la pinte de bière est à 120 dinars (soit 1euro). Autant dire qu'on en a bu quelques unes! Victor est allé chez le coiffeur: 200 dinars la coupe et 80 la barbe, soit 2,50euros le tout!

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Après Sabac, nous changeons enfin de paysage: c'est plus valloné et boisé. On est content de faire un peu de dénivelé ! Le soir nous demandons à camper dans le jardin d'un couple de fermiers. Il accepte volontiers!  Les échanges sont minimalistes car ils ne parlent pas du tout anglais et nous pas du tout serbe. Nous repartirons tout de même avec des concombres, des oignons, de l'ail et 10 œufs de chez eux! Malgré la barrière de la langue, nous seront toujours très chaleureusement accueillis en Serbie. On nous offrira régulièrement un café, du rakia ou des fruits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lendemain nous ne roulons que 20km car Lucile a mal à la cuisse depuis 2 jours et la douleur ne passe pas. Nous faisons donc halte au premier gros village que nous rencontrons. Les possibilités d'hébergement sont pauvres par ici. Heureusement pour nous le seul est un hôtel moderne avec piscine. Nous prenons deux nuits en espérant que ça aille mieux après ce repos.

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Nous reprenons la route en longeant la Drina. Sur l'autre rive c'est la Bosnie. C'est frustrant d'être aussi proche sans pouvoir y aller (la Bosnie n'est pas sur la "liste élargie" de l'UE établie par rapport au covid à ce moment là).

Nous passons un col, l'orage éclate, nous arrivons trempés à Uzice. Nous dormons alors une nuit en auberge de jeunesse.

Le lendemain, le temps est toujours gris. La journée s'annonce dure car nous n'avons quasiment que de la montée. Les paysages sont montagneux, c'est beau. On s'arrête même faire du tourisme pour visiter une grotte. Tous les habitants de la région sont dans les champs pour ramasser les framboises. C'est l'activité économique principale de la région et c'est la pleine saison.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le soir, nous demandons à camper dans le jardin de deux personnes mais celles ci refusent. On poursuit notre route et on s'arrête à un café/restaurant. Les gens sont d'accord pour que nous campions là, ouf! On commençait à désespérer!

Dans ces cas là, on repense souvent à Simon et Anaïs (cyclos rencontrés en France) qui nous avaient dit: "vous verrez, quand vous avez une galère, il y a toujours une belle chose qui vous arrive ensuite". Ça s'est avéré vrai de nombreuses fois!

Les locaux, une bande de 4 copains, nous invitent à boire un chupito de rakia et un verre de jus de framboises. Une usine de congélation et exportation de framboises est juste derrière le café.

Il se met à pleuvoir pendant que nous trinquons. Ils nous proposent donc de dormir à l'abri dans la maison en construction en face du bar. On est bien content de ne pas monter la tente sous la pluie!

Vers 9h30 le lendemain matin (dimanche), Banja, Marco, Mile et Zeljko (qui parle un peu anglais),  font un feu et mettent en place un trépied avec une marmite suspendue au dessus du feu. Au menu, plat typique serbe composé de viande de chevreuil (chassé par eux) et de foie d'agneau à mijoter pendant plusieurs heures . Alors que nous nous apprêtons à partir, ils nous invitent à boire un verre. Nous passerons finalement la journée avec eux et redormirons une nuit dans la maison en construction (appartenant à Banja). Et quelle journée nous avons passée ! Très accueillant, ils nous mettent à l'aise notamment en nous servant moultes chupitos de rakia. N'ayant pas leur résistance à cet alcool, nous passons rapidement à la bière. Pendant ce temps la viande mijote sur le feu, ça a l'air bon.. Nous communiquons en anglais avec Zeljko ou grâce à Google traduct. Il nous pose beaucoup de question sur notre vision de la Serbie. Il nous interroge également sur les bombardements de 99. On sent le sujet sensible. Nous botons en touche car nous ne maîtrisons pas le sujet. Il nous explique que les serbes ont vécu ces bombardements comme une véritable trahison de l'Europe après avoir été alliés durant les deux guerres mondiales. C'est un sujet qui reviendra plusieurs fois dans nos conversations avec des serbes. Il est intéressant de voir l'importance qu'ils accordent à ces alliances passées et à quel point la guerre est encore présente dans leur esprit. Il y a un réel décalage entre nos états d'esprits sur ce sujet. Nous nous rendons également compte que nous n'avons aucun souvenir de cours sur une alliance entre Serbie et France, ni sur les bombardements de l'OTAN en 99, ni sur la guerre de Yougoslavie. Soit ce n'est pas au programme scolaire, soit nous avons mal écouté... Fin de la parenthèse historico géo politique.

12h30, la viande cuit toujours. Zeljko nous apprend que nous mangerons du poisson grillé pour midi. Il part donc en acheter et on fait un deuxième feu pour faire frire les poissons dans une espèce de grande poêle sur pied. A 14h, nous mangeons les poissons.  Ils sont les bienvenues car on commençait à avoir fin à force de picoler sans rien grignoter!  Malheureusement un drame se déroule pendant notre repas: la marmite remplie de viande se casse (le fond tombe dans le feu). C'est la première fois que cela leur arrive et ils sont bien contrariés.. on ne voit pas l'action mais ils nous disent avoir réussi à récupérer une partie de la préparation et l'avoir transférée dans une nouvelle marmite. On est un peu sceptique mais pourquoi pas!

14h30, nous sommes donc repartis pour une nouvelle cuisson. Chacun y va de son avis et chacun rajoute une ou plusieurs cuillerées de sauces iophilisées. Les cuistots commencent à ne plus vraiment être à jeun, on se demande quel goût va avoir ce plat.

18h, après 8h à s'activer autour du chaudron, ils décrètent qu'on ne mangera pas la préparation. "C'est bon pour les chiens", nous disent ils. Nous sommes à la fois déçus et soulagés ! Le repas de ce soir est donc...du poisson grillé!! Et c'est reparti pour la cuisson du poisson (qui est excellent cela dit!). Nous nous régalons de cette journée et soirée avec eux mais nous sommes épuisés le soir, encore pire qu'après une journée de vélo!

Le lendemain nous repartons avec de très beaux souvenirs en tête. Zeljko nous dit vouloir venir en France avec ces potes. On les accueillera avec plaisir!

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Nous continuons notre route dans la montagne et apprécions beaucoup les paysages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malheureusement, à Nova Varos, Lucile s'aperçoit que son pédalier a du jeu.. il n'y a aucun magasin de vélo dans cette ville. Un mécano auto nous en indique un à 35km. On y va mais arrivé devant la porte nous apprenons qu'il est fermé ce jour.. Enfin c'est ce qu'on imagine car c'est écrit en cyrillique. Un cycliste arrive au même moment, il nous indique un autre magasin à Priboj, à 30km de là (dont 15 où nous revenons sur nos pas). 2h plus tard nous sommes devant le magasin et il est ouvert!! Après avoir regardé le vélo, le réparateur nous annonce qu'il ne pourra pas faire la réparation, il n'a pas les pièces nécessaires... Et il ne sait pas trop où l'on pourrait réparer cela. Mauvaise nouvelle..

Nous partons, un peu désemparés, à la recherche d'un spot de bivouac pour la nuit.

 

Le hasard fera bien les choses car nous nous faisons interpeller par Baccho (désolé on ne sait pas comment écrire ton prénom..). Il est né au Monténégro, vit à Paris depuis 33 ans et est chez sa sœur à Priboj ce jour là. Il nous invite à manger. Nous passons une très belle soirée en sa compagnie. Il nous aidera beaucoup sur notre prise de décision pour la suite. Connaissant très bien la Serbie, le Monténégro et étant amateur de cyclisme, il nous explique que le seul endroit où nous sommes sûrs de pouvoir réparer est Belgrade. Nous qui voulions aller au Monténégro, ça semble compromis. De toute façon la frontière est difficile à passer depuis la Serbie. Baccho nous explique qu'il tente depuis 3 jours de passer la frontière sans succès malgré sa double nationalité..c'est pour dire! Encore une belle rencontre ce soir là et qui nous aura beaucoup aidée!

 

Le lendemain, notre décision est prise, nous prenons un train pour Belgrade, priorité à la réparation du vélo.

 

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Nous dormons 3 nuits en auberge de jeunesse, le temps de faire réparer le vélo, visiter un peu la ville, faire une VRAI lessive, décider de la suite du programme, téléphoner et dormir. Nous sommes un peu déçu car il n'y a pas de volets aux fenêtres. C'est un des trucs qui nous manque beaucoup: ne pas pouvoir faire des grasses matinées quand on veut (il fait grand jour dans la tente à partir de 5-6h du matin).

 

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Le 24 juillet nous quittons Belgrade en prenant la direction de la Roumanie.

La Serbie ayant été retirée de la ''liste élargie'' de l'UE pendant notre séjour et étant black listée dans beaucoup de pays (rapport au covid), nous préférons revenir dans l'UE au plus vite. Nous avons beaucoup hésité mais finalement choisi cette option qui nous permettait d'être plus serein pour la suite.

 

120 km nous séparent de la frontière roumaine. Enfin...c'est ce que nous croyons...

 

Pendant notre pause de midi, une mamie à vélo nous offre des prunes de son jardin. Elle parle quelques mots d'anglais et à une énergie incroyable. Elle repart à fond la caisse pour revenir avec un panier pleins de fruits. Nous voilà bien chargés ! Elle semble très heureuse de nous les offrir et nous montre plusieurs fois son cœur. C'est très touchant.

Plus tard nous ferons une rencontre moins ''réjouissante''. Alors que nous buvons une bière dans un lieudit, notre voisin, à la santé et l'hygiène douteuses, s'intéresse à nous. Il veut à tout prix partager son casse croûte avec nous. Nous acceptons timidement, de peur de le vexer. Victor finit par manger un morceau de saucisson dans lequel il a croqué de ses dents pourris pendant que Lucile s'arrache la gueule avec du paprika en bocal! Faut pas être trop sensible des fois!

Nous bivouaquons à 30km de la frontière dans des dunes enherbées. C'est atypique. On apprendra plus tard que nous traversons une zone anciennement désertique. Nous décidons de ne pas mettre le toit de la tente car il fait chaud. Erreur! Dans la nuit, un orage violent éclate: éclairs impressionnants et pluie commencent. Il faut donc mettre le toit...on appréhende car quelques heures auparavant nous avons dû manger à l'intérieur de la tente à cause des moustiques. N'ayant pas d'autres choix, nous sortons avec la frontale. Des milliards de moustiques nous attaquent. Il faut vraiment le vivre pour se rendre compte. On monte tant bien que mal le toit et retournons le plus rapidement possible dans la tente. Et là c'est un génocide. Une vingtaine de moustiques ont réussi à entrer en même temps que nous dans la tente! Nous nous recouchons après cette extermination mais dormons peu car l'orage est vraiment très fort. Maintenant on en rigole mais sur le coup c'était vraiment horrible ! On ne vous le souhaite pas.

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Le lendemain il fait beau heureusement. Nous arrivons à la frontière mais la douanière nous annonce que celle ci est fermée. Il faut aller à un autre poste à 60km de là. On prend un bon coup au moral mais on remonte sur le vélo pour tenter notre chance là bas.

 

Nous arrivons vers 17h au deuxième poste, un peu stressés. En théorie il n'y a pas de risque d'être bloqué mais nous avons peur de devoir faire une quatorzaine d'isolement. Le douanier nous invite à nous rapprocher d'un médecin. Nous nous attendons à une visite médicale. La médecin ne porte même pas de masque, elle signe un bout de papier et nous rend nos passeports. Ça sent bon le pays à l'arrache! Finalement nous passons sans problème !

 

Nous ne connaissions pas la Serbie, que ce soit au niveau culturel, historique ou culinaire. C'est donc sans à priori que nous y sommes entrés. Et c'est très positivement que nous en sommes partis! Cela est en grande partie dû aux nombreuses rencontres que nous avons faites, à la générosité et à l'accueil chaleureux des serbes que nous avons croisés sur notre route. Dommage que nous ayons dû écourter notre séjour... mais cela nous a donné envie de revenir faire un périple dans les pays Balkans. Peut être notre prochain voyage à vélo ?

 

Mais maintenant place à la Roumanie qu'on a hâte de découvrir!

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